Les habitants à proximité d’une terrasse d’un bar ou d’un restaurant vous le diront : les nuisances sonores générées par la clientèle peuvent être plus gênantes que celles générées par le trafic routier.

C’est d’ailleurs avec ce rappel que commence le rapport « Analyse des mesures de bruit réalisées au sein de quartiers animés dans Paris - bilan relatif à l’été 2021 » :

Selon les résultats de l’étude Crédoc1/Bruitparif réalisée auprès de 3000 Franciliens (dont 609 Parisiens), ce sont près de 7 % des Parisiens qui citaient, en 2016, le bruit généré par les clients de bars, cafés, restaurants ou les personnes qui déambulent ou qui s’attroupent dans la rue, comme leur première source de gêne liée au bruit lorsqu’ils sont chez eux (Crédoc, 2016).

A l’heure où les villes veulent transformer davantage de rues en rues piétonnes il nous parait important d’alerter les habitants sur le risque élevé de voir fleurir les terrasses dans ces rues. Loin de « rendre la ville à ses habitants » ces transformations accélèrent en réalité la mutation des commerces au profit d’une seule activité, transformant le quotidien des occupants en un vrai cauchemar sonore jusque tard dans la nuit. Pas seulement la nuit d’ailleurs : contrairement aux boutiques qu’ils remplacent, ces établissements ont besoin de livraisons quotidiennes en grand volume, si bien que la rue « piétonne » verra en réalité le matin une succession de camions frigorifiques.

Il ne s’agit pas de minimiser le bruit généré par la circulation des véhicules bien sûr. Les 2-roues, scooters en particulier peuvent être très pénibles lors de leur passage. Mais les habitants qui vivent un enfer à cause de la terrasse en bas de chez eux seraient nombreux a vouloir troquer les éclats de voix de la clientèle alcoolisée contre le bruit continu d’une circulation qui diminue en soirée.

C’est donc avec un très grand intérêt que nous parcourons ce rapport de Bruitparif qui exploite les données des capteurs de bruits (à l’origine prévus pour mesurer le bruit routier) et qui permet de dresser un constat objectif de la pollution sonore dans certains quartiers de Paris pendant l’été 2021.

Et le constat est sans appel, voici la conclusion du rapport :

En conclusion, cette analyse fait ressortir que l’exposition au bruit au sein des quartiers animés représente un enjeu important pour la santé des populations riveraines, notamment du fait que les niveaux mesurés au sein de ces quartiers sont généralement plus élevés en soirée et la nuit par rapport aux niveaux observés le jour. Sur ces périodes particulièrement critiques car essentielles pour la qualité du sommeil et la bonne récupération, les niveaux constatés sur certains sites peuvent atteindre voire même dépasser les niveaux enregistrés en situation d’exposition au bruit routier.

Une remarque cependant : parler de quartier « animé » c’est déjà un peu suggérer que les habitants ont choisi d’habiter là, et qu’ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-même. D’une part le bruit est une pollution, c’est un enjeu de santé publique. D’autre part, dans de nombreuses rues la situation se dégrade : les bars se multiplient, le bruit augmente, et les habitants assistent a la dégradation de leur cadre de vie. Les autorités doivent prendre les mesures qui s’imposent pour protéger la population, et surtout ne pas la dégrader davantage.